Association de protection des forêts du Saint-Maurice

Zone d'identification

Type d'entité

Collectivité

Forme autorisée du nom

Association de protection des forêts du Saint-Maurice

forme(s) parallèle(s) du nom

  • The St.Maurice Forest Protective Association Limited

Forme(s) du nom normalisée(s) selon d'autres conventions

Autre(s) forme(s) du nom

Numéro d'immatriculation des collectivités

Zone de description

Dates d’existence

1912-1971

Historique

L'histoire canadienne de la protection des forêts contre le feu remonte à la fin du XIXe siècle et l'importance socio-économique des ressources forestières justifie amplement les mesures prises pour les protéger. L'industrie forestière occupe déjà une grande place dans les pratiques opérationnelles de protection des forêts contre le feu lorsqu'en 1889, les concessionnaires forestiers sont soumis à une taxe de feu de 0,0004 $ l'hectare pour embaucher des garde-feux et défrayer une partie des frais engendrés par cette lutte. Les besoins dépassent bien vite les prévisions. Afin d'augmenter les effectifs tout en restreignant les dépenses, le gouvernement du Québec propose, en 1904, de hausser cette taxe à 0,001 $ l'hectare et de ne plus assumer la moitié des frais d'extinction des feux.

Les concessionnaires forestiers de l'est du Québec rejettent cette proposition et présentent plutôt un nouveau plan : abolir la taxe, partager à parts égales les frais d'extinction et donner aux concessionnaires forestiers la responsabilité de protéger leur territoire. Ils devront, pour ce faire, recruter et payer eux-mêmes les garde-feux. Le gouvernement assumera toutefois la surveillance des chemins de fer. Ce système est finalement adopté et appliqué par la suite à l'ensemble du Québec. C'est dans ce contexte que la St.Maurice Forest Protective Association (SMFPA), premier organisme coopératif de protection contre les feux de forêts au Canada, voit le jour.

Le 28 février 1912, sous l'initiative de Ellwood Wilson, chef ingénieur forestier à la papetière Laurentide Co, plusieurs représentants industriels et commerciaux de la Vallée du St-Maurice, réunis dans les bureaux de la St.Maurice Boom & Log Driving, à Trois-Rivières, décident de se regrouper en association afin d'établir un système global de protection des forêts contre le feu. Un conseil d'administration provisoire est formé lors de la première assemblée des membres tenue à Montréal, le 2 mars 1912. L'organisation naissante reçoit ses lettres patentes le 19 mars 1912 et forme, deux jours plus tard, son premier conseil d'administration à l'issue d'une réunion tenue au Château Frontenac à laquelle assistait William Charles John Hall, chef du Service de la protection des forêts du Québec. Sont élus :

Robert F. Grant, St.Maurice Lumber Co.
W.R. Brown, Quebec & St.Maurice Industrial Co.
Georges Cahoon, Laurentide Co.
Alexander MacLaurin, Gres Falls Co. & Union Bag Co.
Frank I. Ritchie, Wayagamac Pulp and Paper Co.

Henry Sorgius est alors désigné pour occuper le poste de « gérant général » et de secrétaire-trésorier au salaire annuel de 1500 $. Dès la première année, seize entreprises joignent l'Association. Le territoire protégé couvre 11 216 milles2 (3 000 000 d'hectares) et se compose de trois divisions, lesquelles sont subdivisées en districts. Les frais d'adhésion, fixés à 0, 006 $ l'hectare, rapportent 18 000 $ à l'Association. Le personnel sous la supervision du gérant, comprend 3 inspecteurs, 50 garde-forestiers et 4 patrouilleurs pour le chemin de fer. Les rondes de surveillance s'effectuent sept jours sur sept en canot, à cheval ou à pied. Les draisines sont cependant utilisées pour les patrouilles des voies ferrées. Chaque inspecteur (80 $ par mois) est assigné à un district. Il doit s'assurer que les garde-forestiers sous sa juridiction (35 $ par mois) sillonnent les routes de son territoire pendant la saison de haute surveillance et voient à l'entretien des sentiers, à l'érection des stations d'observation et au montage des lignes téléphoniques pendant les mois à faible risque d'incendies. Enfin, il doit s'assurer que les rapports hebdomadaires rédigés par chacun de ses garde-feux parviennent au bureau de l'Association, logée dans l'édifice de la St.Maurice River Boom & Drive Co. à Trois-Rivières.

L'élaboration d'un réseau de tours d'observation s'avère une priorité pour la nouvelle organisation. Au cours de l'hiver 1912, huit stations d'observation sont construites. Faites de bois ou d'acier, ces tours pouvant atteindre 36 mètres de hauteur sont érigées sur les sommets les plus élevés du territoire. La plupart sont munies d'une plate-forme qui n'offre ni confort au « guetteur » ni protection à l'équipement composé notamment de jumelles et d'un appareil de détection appelé Osborne Fire Finder. Le réseau bien implanté permet à deux ou trois gardiens de localiser la fumée et, par trigonométrie, de déterminer avec exactitude le foyer de l'incendie. Jusqu'à la fin de la Seconde guerre mondiale, les postes d'observation sont reliés au centre d'opération par ligne téléphonique, laquelle présente plusieurs avantages : il suffit de se connecter n'importe où le long du fil pour entrer en contact avec l'observateur, son entretien n'est pas onéreux et enfin, elle permet de briser la solitude du gardien qui, parfois, passe l'été dans une cabane, tout seul au pied de la tour. Les premiers radio-émetteurs ne feront leur apparition qu'en 1942.

Dès la première année d'observation, les garde-feux de la SMFPA combattent près d'une centaine d'incendies dont 52 proviennent de la ligne du chemin de fer car les cheminées des locomotives lancent leurs flèches enflammées au cœur de la forêt y semant la destruction. L'utilisation d'un pare-étincelles combiné aux patrouilles des voies ferrées permet de réduire de façon significative le nombre de feux dans les concessions traversées par le chemin de fer. Par ailleurs, de nombreux feux sont également causés par l'ignorance et la négligence des colons. C'est pourquoi le gouvernement décide, en 1916, de légiférer le brûlage d'abatis à la suite d'une recommandation de l'Association. Dorénavant, les cultivateurs doivent obtenir un permis de brûlage et du 1er avril au 15 novembre, aucun feu d'abatis ne peut être allumé sans permis. En 1922, les parlementaires élargissent la loi sur la protection en y ajoutant un permis de circulation. Ce permis, émis gratuitement par le garde-feux, devient obligatoire pour quiconque se promène en forêt. De plus, des permis spécifiques pour les cueilleurs de bleuets entrent en vigueur en 1945. Dans les zones brûlées, ces petits fruits abondent. À titre d'exemple, plus de 6000 cueilleurs envahissent le bassin de La Lièvre quelques années après le sinistre de 1941. L'activité humaine étant la première source d'incendie, l'éducation de la population rurale est une partie intégrante de la prévention.

Dans le but de conscientiser un vaste public, l'affichage dans les endroits publics, en l'occurence les portes des églises, reste l'un des premiers moyens de prévention utilisé. De plus, des tournées de projections cinématographiques sont organisées dans quelques villes et villages de la région. Ainsi, au début des années 1920, des milliers de villageois découvrent la forêt et sont sensibilisés à la préservation de ses ressources par le biais de « vues animées » agrémentées d'enregistrements musicaux et commentées par le propos alarmiste d'un conférencier de l'Association. En 1930, dans son désir d'accentuer sa propagande, l'organisme s'associe à l'abbé Albert Tessier, cinéaste et ardent défenseur de la forêt québécoise.

En 1919, Ellwood Wilson, chef ingénieur forestier à la papetière Laurentide Co et directeur de la SMFPA a l'idée visionnaire d'utiliser des avions pour patrouiller les forêts. Le contexte est favorable; c'est la fin de la guerre et de nombreux pilotes sont disponibles. Au mois de mai, il réquisitionne deux hydravions à coque Curtiss HS-2L provenant des surplus de guerre légués au Canada par l'armée américaine. Sorte de bateau volant à habitacle ouvert, le premier de ces deux appareils est baptisé La Vigilance en fonction de sa mission de surveillance. Piloté par Graham Stuart, il amerrit au Lac-à-la-Tortue le 8 juin après un périple de trois jours en provenance de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse et une dernière escale à Trois-Rivières. La femme du pilote, Madge, qui agit à titre de navigatrice et son mécanicien sont du voyage. Lors de ce vol triomphal, des milliers de tracts bilingues sont largués du haut des airs pour sensibiliser la population à la protection des forêts :

La Première Patrouille Aérienne     First Aerial Forest Patrol
C'est le devoir de tout citoyen de nous It si the duty of every citizen to help protect
Aider à protéger nos riches forêts. Our valuable forest.
The St.Maurice Forest & The St.Maurice Forest &
Protective Association Limited Protective Association Limited

Le deuxième appareil arrive quelques jours plus tard et est marqué du sigle de l'Association, St.M.F.P.A. Les hydravions sont également utilisés pour le transport du personnel et de l'équipement nécessaire à la lutte aux incendies ainsi que pour la prise de photos aériennes. Malgré une subvention gouvernementale de 2000 $, les frais d'exploitation des patrouilles aériennes s'avèrent beaucoup trop élevés pour la SMFPA qui a dû débourser 10 000 $ - le quart de son budget annuel - la première année. Bien que sensibilisés aux avantages de ce mode de détection, les directeurs jugent que les résultats en regard des coûts d'exploitation sont insatisfaisants. Suite à ce constat, les hydravions sont transférés à la Laurentide Co, dirigée par Georges Cahoon, à la fin de la saison. Cette papetière devient ainsi la première entreprise forestière à posséder sa propre flotte d'avions. Désormais, l'Association fera appel à eux de façon sporadique, pour combler notamment certaines lacunes des tours.

Quelque quarante ans plus tard, on assiste néanmoins à un retour des avions dans la lutte contre les incendies. C'est ainsi qu'en 1961, deux avions-citernes de type Canso et un hélicoptère sont, pour la première fois, mis à contribution pour combattre cinq feux majeurs. L'expérience s'avère concluante et c'est le début d'un mouvement irréversible où les avions entrent en compétition avec le réseau des tours. Au cours des années subséquentes, le nombre d'heures de vol pour la surveillance du territoire ne cesse d'augmenter au détriment du nombre d'observateurs au sol tant et si bien, qu'en 1969, seulement huit tours restent en opération. Elles seront abandonnées l'année suivante pour être remplacées par une flotte aérienne constituée de six hydravions Cesna180 et de 2 hélicoptères Bell G-2. L'Association peut également compter sur l'apport des avions-citernes du service aérien gouvernemental.

Bien que l'année 1953 demeure l'une des plus désastreuses saisons tant par le nombre de feux que par la superficie brûlée et les frais encourus, c'est en 1962 que survient le plus grand sinistre de l'histoire de l'Association. Le feu de La Trenche, attisé par des vents persistants, a brûlé pendant onze jours, jusqu'à l'arrivée de la pluie. Cette conflagration a mis 800 combattants à contribution et une artillerie sans précédent dont 55 motopompes et 9 avions. Dans le but de se prémunir contre les catastrophes, l'Association participe conjointement avec la Shawinigan Water & Power Co, à un projet d'ensemencement de nuages. Cette expérience, tentée en 1956, s'avère peu concluante et n'est pas reconduite.

En 1968, une première convention de travail est signée avec l'Union des Charpentiers et Menuisiers local 2817 et l'année suivante, les rapports annuels sont rédigés en français. La St.Maurice Forest Protective Association devient l'Association de Protection des Forêts du St-Maurice. Vers la fin de l'année 1971, le conseil d'administration est informé par les instances gouvernementales de la réorganisation complète du système de protection des forêts afin de résoudre, entre autres, le problème de la protection des forêts privées aussi bien en matière de feux et d'entomologie que de pathologie. Après 60 ans de loyaux services à ses membres et aux usagers de la forêt, la SMFPA, au même titre que tous les organismes de protection du Québec, est remplacée par l'une des sept sociétés de conservation régionale sous la juridiction de la Direction générale de la conservation du ministère des Terres et Forêts. Ces sociétés régionales seront regroupées, en 1994, sous le nom de SOPFEU (Société de Protection des Forêts contre le Feu).

Lieux

Statut légal

Fonctions et activités

Textes de référence

Organisation interne/Généalogie

Contexte général

Zone des relations

Zone des points d'accès

Mots-clés - Sujets

Mots-clés - Lieux

Occupations

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